Covid-19 : l’heure de la relance

Une nouvelle période inédite s’ouvre désormais à partir de cette semaine. L’activité économique devrait reprendre doucement, ainsi que l’activité en général, progressivement, mais, pas besoin de le rappeler, le spectacle vivant, les concerts, reprendront en dernier, vraisemblablement au mieux en septembre 2020. Reste à savoir dans quelles conditions ces concerts pourront reprendre. On le comprend, c’est l’intégralité de la saison 2020/2021 qui sera difficile. Je parle de la France, mais ces difficultés concernent aussi l’export de nos musiques et de nos artistes, ainsi que les coopérations existantes.

En parallèle, les perceptions et donc les répartitions de droits d’auteur et de droits voisins diminuent et les commandes d’écriture sont aussi à l’arrêt, tant que des perspectives de diffusion de ces nouvelles créations ne sont pas envisagées.

Un certain nombre de mesures d’urgence ont été mises en place ou annoncées et sans en faire la liste, on peut déjà les saluer. On pourra bien entendu commenter leur accessibilité, leurs critères, et leurs mises en œuvres.

Mais concentrons-nous désormais sur les mesures de relances. Par exemple, il faudra surveiller l’utilisation de ces 50 millions d’euros nouveaux alloués au CNM, une instance à suivre car sa création a été coupée dans son élan par l’arrivée de cette crise. Nous attendons ainsi dans le courant du mois de mai la constitution du conseil professionnel, sorte de conseil d’administration élargi dont la mission est de représenter l’ensemble des acteurs de la musique (artistes, diffuseurs, auteurs, labels, éditeurs, distributeurs…), toutes esthétiques confondues. Vaste mission dans ce contexte de crise !

Par ailleurs, si les artistes ne peuvent encore se produire devant du public, ils doivent pouvoir répéter, expérimenter, travailler et enregistrer des disques au plus vite et donc savoir dans quelles mesures ils pourront avoir accès aux studios et aux plateaux, afin de préparer l’avenir.

Il faudra suivre aussi le traitement réservé aux plateformes de streaming et de téléchargement, qui continuent de réaliser des profits pendant cette période et qui, déjà hors du contexte de crise, gagnent beaucoup là où les artistes et les labels récupèrent des sommes dérisoires. Rappelons que des discussions sur le projet de loi sur l’audiovisuel devaient commencer en mars 2020 et espérons que ces acteurs du numérique pourront un jour participer au financement de la création artistique et rémunérer plus justement les artistes.

Quoiqu’il en soit, nous constatons que cette période de crise met en évidence les failles d’un système, les interdépendances, les luttes d’influences, mais aussi les inégalités. Alors tentons d’avancer de manière solidaire dans cette relance de notre secteur d’activité.

Alexandre Herer, vice-président de Grands Formats, fondateur du collectif Onze Heures Onze et musicien


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