Culture : il y a urgence et nous sommes prêt·e·s !

Rédigée à l’initiative de l’UFISC (Union Fédérale des Structures Culturelles), la tribune « Culture : il y a urgence et nous sommes prêt·e·s », associe une soixantaine d’actrices et acteurs culturels, chercheuses et chercheurs, syndicats, réseaux, fédérations – dont Grands Formats – autour de la reconnaissance des initiatives culturelles artistiques du « tiers-secteur », majoritairement associatives, garantes de la diversité culturelle et inscrites dans des démarches d’intérêt général… et qui ont pris de plein fouet un plan social quasi invisible mais d’une extrême violence : baisse des subventions, fin des emplois aidés, activité jugée « non essentielle » en raison des restrictions sanitaires.

Tribune relayée dans le journal Politis.


Et si l’on prenait enfin la diversité culturelle à cœur et à bras le corps ?

Au moment où la peur de l’altérité et le repli gagnent les esprits, ce combat est étonnamment absent de la sphère publique. Nos organisations sociales, politiques et économiques changent profondément et la culture est au cœur de ces transformations. Le déploiement de nouveaux imaginaires est un défi collectif.

Nous, artistes, chercheur·euse·s, citoyen·ne·s, sommes engagé·e·s pour défendre une culture diverse, solidaire, libre et joyeuse inspirée par tous ceux et toutes celles qui font la France aujourd’hui. Nous avons besoin du soutien de nos élu·e·s pour mener ce combat. Nous avons besoin de programmes ambitieux qui imposent la culture comme enjeu sociétal essentiel. Il y a urgence.

Dans un pays qui s’est enorgueilli de porter le combat pour la diversité culturelle, comment expliquer la frilosité de la puissance publique face aux richesses d’expression que portent les personnes et les territoires ? Comment justifier cette défiance face aux expressions qui échappent aux cases du marché et de l’institution ?

La diversité culturelle est partout, pour peu qu’on veuille la regarder ! Elle s’incarne dans les dizaines de milliers d’associations et de coopératives(1) qui œuvrent au quotidien, partout sur les territoires. Ces structures représentent une force citoyenne et économique considérable. Elles ouvrent des espaces de liberté, fabriquent du lien, choisissent la coopération plutôt que la concurrence, l’organisation en réseaux plutôt que la verticalité. Pourtant ces structures, comme l’ensemble des initiatives citoyennes, ont pris de plein fouet un plan social quasi invisible mais d’une extrême violence : baisse des subventions, fin des emplois aidés, activité jugée « non essentielle » en raison des restrictions sanitaires.

Ces associations, ces coopératives, ces artistes, ces lieux, ces collectifs résistent malgré les difficultés, et à l’instar de beaucoup d’acteurs et actrices de l’agriculture, de la transition écologique, de la santé, du social, de l’éducation…, contribuent à penser et panser les divisions de la société.

Nous défendons une culture émancipatrice et respectueuse des droits humains, une économie culturelle sociale et solidaire fondée sur la recherche d’un mieux-être pour tou·te·s plutôt que des profits immédiats. Nous prenons au sérieux la singularité et la dignité des personnes et leur droit d’être des acteur·rice·s de la vie culturelle.

Nous inventons d’autres formes d’interventions culturelles que la diffusion d’œuvres à des « publics » : lieux ouverts à la diversité des expressions, interventions artistiques hors des sentiers tracés, partenariats tissés dans la durée sur un territoire, volonté de travailler avec les personnes dans leur diversité. Nous initions d’autres modes de dialogue démocratique, d’autres manières d’habiter les villes et campagnes ; nous contribuons à imaginer, ensemble, un futur vivable face aux effondrements partagés.

Les urgences démocratique, sociale, écologique, culturelle nous obligent. Nous en appelons à celles et ceux qui envisagent de siéger dans la prochaine Assemblée nationale : dialoguons !​

Nous sommes porteur·euse·s de propositions pour une refonte des politiques culturelles, encore marquées aujourd’hui par une vision surplombante de l’accès des « publics » à « l’excellence artistique », ou prétendant soumettre les expressions aux lois de la rentabilité marchande.

Face à la tentation de mettre la culture dans des cases, nous préconisons des politiques transversales ; face à la verticalité des décisions, nous demandons des espaces de concertations ; face aux visions à court terme, nous proposons l’accompagnement au long cours de démarches de transition.

C’est le sens de l’appel L’Art Est Public.

C’est un enjeu fondamental pour la démocratie au moment où elle est gravement menacée. Il y a urgence et nous sommes prêt·e·s.
 

(1) 82% des entreprises du spectacle vivant, représentant 48% de la masse salariale du secteur sont sous forme associative. 30% des entreprises de l’édition phonographique, audiovisuelle, cinématographique, le sont aussi, des milliers d’associations se développent dans les arts visuels, le livre, le patrimoine.
 

Signataires :

  • ES IF, réseau solidaire de lieux artistiques et culturels indépendants en Île-de-France
  • ADDOC (Association des Cinéastes Documentaristes)
  • Jean-Christophe Aplincourt, co-président de la FEDELIMA (Fédération des Lieux de Musiques Actuelles)
  • Mathieu Barreira, chargé de production au Théâtre Comédie Odéon
  • Philippe Berthelot, consultant culturel, président d’honneur de l’UFISC (Union fédérale d’intervention des structures culturelles)
  • Raphaël Besson, docteur en sciences du territoire, directeur de Villes Innovations
  • Christelle Blouët, coordinatrice du Réseau culture 21
  • Yves Bommenel, codirigeant Coopérative illusion & macadam / Halle Tropisme
  • Eric Boistard, directeur de Stéréolux.
  • Stéphane Bossuet, directeur de la CAE Art en réel
  • Serge Calvier, co-président et délégué national de la FNAR (Fédération des Arts de la rue)
  • Luc Carton, philosophe
  • Jean-Pierre Chrétien-Goni, directeur de la Fabriqu d’art et de culture Le Vent se lèveLe CITI (Centre International pour les Théâtres itinérants)
  • Laurent Decès, président du Syndicat des musiques actuelles et directeur de Petit Bain
  • Hervé Defalvard, économiste
  • Luc De Larminat, co-directeur association Opale
  • Danièle Demoustier, socio-économiste
  • Julie Desmidt, présidente de l’UFISC
  • Jean Faucheur, président de la Fédération de l’Art Urbain
  • FRAAP (Fédération des associations et réseaux d’artistes plasticiens)
  • Laurent Fraisse, sociologue
  • Eric Fourreau, directeur des Éditions de l’Attribut
  • Philippe Henry, chercheur en socioéconomie de la culture
  • Ricet Gallet, co-président de la FAMDT (Fédération des Actrices et Acteurs des musiques et danses traditionnelles)
  • Laurent Gardin, sociologue
  • Vincent Guillon, co-directeur de l’Observatoire des politiques culturelles
  • Cécile Héraudeau, présidente de Zone Franche
  • Alexandre Herer, président de Grands formats
  • Naima Huber-Yahi, historienne, chercheure associée à l’URMIS / Université Côte d’Azur
  • KOLET’ , Réseau d’acteurs culturels du spectacle vivant de La Réunion
  • Stéphane Krasniewski, vice-président du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles) et directeur du festival Les Suds à Arles
  • Bertrand Krill, co-président de l’UFISC (Union Fédérale d’Intervention des Structures Culturelles)
  • Christian Lamy, coordinateur du Réseau des Cafés Culturels et Cantines Associatifs
  • Loredana Lanciano, co-présidente de la FNAR  (Fédération Nationale des Arts de la Rue)
  • Fanny Landais, co-présidente de la Fraca-Ma (Fédération Régionale des Acteurs Culturels et Associatifs des Musiques Actuelles)
  • Bernard Latarjet, président de l’ONDA
  • Guillaume Laurent, co-président de la FNAR (Fédération Nationale des Arts de la Rue)
  • Christian Laval, sociologue
  • Jean-Louis Laville, titulaire de la chaire Économie Solidaire au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers)
  • Hervé Le Crosnier, éditeur
  • Joël Lécussan (Arts Factories/ Autres pArts, Mix’arts Myris)
  • Françoise Liot, sociologue de l’art et de la culture, Université de Bordeaux
  • Jean-Michel Lucas, Consultant en politique culturelle et expert en droits culturels
  • Marie-Claire Martel, présidente de la COFAC (Coordination des Fédérations et Associations de Culture et de Communication)
  • Magali Martinelli, co-présidente du RIF (Réseau des musiques actuelles en Ile-de-France)
  • Gustave Massiah, économiste
  • Lionel Maurel, Directeur adjoint InSHS/CNRS
  • Marc Mithouard, président de la FERAROCK (Fédération des radios associatives musiques Actuelles)
  • Sarah Montero, maîtresse de conférences en Géographie sociale, Université Bordeaux Montaigne
  • Cécile Offroy, sociologue, Université Sorbonne Paris-Nord et Association OPALE
  • Judith Pavard, co-présidente de la FNAR (Fédération Nationale des Arts de la Rue)
  • Gérard Peltre, président du collectif transfrontalier d’appui à la reprise de la grange théâtre rurale de Lachaussée (55)
  • Jean-Yves Pineau, directeur des Localos et auteur-compositeur-interprète
  • Nadia Ratsimandresy, présidente de Futurs Composés
  • Gilles Rouby, président du CAC (Collectif des Associations Citoyennes)
  • Christian Ruby, philosophe
  • Jérôme Saddier, président de ESS France
  • Nicolas Saelens, président de THEMAA (Association nationale des Théâtres de Marionnettes et Arts Associés)
  • Jean-Louis Sagot-Duvauroux, dramaturge et directeur de théâtre
  • Louis-Albert Serrut, auteur-réalisateur
  • Stanislas Souedet, co-président de la FRACA-MA (Fédération régionale des Acteurs Culturels et Associatifs des Musiques Actuelles)
  • Frédéric Sultan, coordinateur du collectif Remix The Commons
  • SCC (Syndicat Des Cirques Et Compagnies de Création)
  • Philippe Teillet, maître de conférences à Sciences Po Grenoble
  • Emilie Toutain, co-présidente de la Fédélima
  • Emmanuel Vergès, codirecteur de l’Observatoire des politiques culturelles
  • Daniel Véron, président du centre de culture scientifique F93
  • Patrick Viveret, philosophe
  • Joëlle Zask, philosophe, maître de conférence à l’Université Aix-Marseille
  • Michèle Zwang-Graillot, présidente de la Ligue de l’Enseignement.

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